Chateaubriand - biographie

Publié le par Bégnana

L’Ancien régime.

François-René, vicomte de Chateaubriand est né à Saint-Malo le 4 septembre 1768. Il vient d’une très ancienne famille aristocratique ruinée. Son père, René-Auguste de Chateaubriand est un cadet sans fortune. Sa mère était Apolline de Bédée. Ils se sont mariés en 1753. Leurs autres enfants nés avant “René” sont : Geoffroy (1758, mort en bas âge), Jean-Baptiste (1759-1794), l’héritier, Marie-Anne (1760 qui deviendra Madame de Marigny et qui mourra centenaire), Bénigne (1761, qui deviendra Madame de Québriac, puis Madame de Chateaubourg), Julie (1763-1799, qui deviendra Madame de Farcy), Lucile (1764-1804, qui deviendra Madame de Caud), Auguste (1766, mort en bas âge) et Calixte (1767, mort en bas âge). Il vit d’abord éloigné de ses parents chez une nourrice à Plancoët.

Son père réussit dans le commerce (notamment des nègres). Il achète le château de Combourg en Bretagne. En 1771, “René” retrouve ses parents. Il fit des études aux collèges de Dol-de-Bretagne à partir de 1778, puis de Rennes à partir de 1781. De 1783 à 1785, il vit à Combourg. À 16 ans, il traverse, auprès de sa sœur préférée, Lucile, une période fiévreuse et exaltée qui fut la matière de son René.

Destiné d’abord à la carrière de marin, conformément à la tradition familiale, il était bien davantage tenté par la prêtrise et par la poésie. Il prend un brevet de sous-lieutenant en 1786 dans le régiment de Navarre à Cambrai. Le 6 septembre il perd son père. Il est présenté au roi Louis xvi à Versailles le 19 février 1787. Il fréquente les salons parisiens. L’année suivante, il est capitaine. Une légère tonsure marque son entrée dans l’ordre de Malte. Il assiste à l’ouverture des états de Bretagne le 29 décembre.

Le 27 juin, c’est la réunion des trois ordres à l’Assemblée nationale. Peu après, Chateaubriand et ses sœurs, Julie et Lucile, s’installent à nouveau à Paris.

Il s’y lie avec Jean-François de La Harpe (1739-1803), Marie-Joseph Chénier (1762-1794), Jean-Pierre Louis de Fontanes (1757-1821).

 

La révolution et l’exil.

À Paris, il assiste aux premiers bouleversements de la Révolution en juillet. Il est d’abord séduit par les débats d’idées. Il s’attribuera même dans les Mémoires d’outre-tombe (II, 6) des « inclinations républicaines ». Mais, il ne goûte nullement les violences qui accompagnent la Révolution.

Le 6 octobre 1789, il assiste à l’arrivée à Paris de la famille royale.

L’Almanach des Muses publie sa première oeuvre imprimée : l’Amour de la campagne, une idylle en vers, en 1790.

L’Amérique.

En mars, le 22, il voit La Rouërie (1751-1793), un héros de l’indépendance américaine qui lui donne une lettre pour Washington.

Le 8 avril 1791, il s’embarque pour l’Amérique où il débarque le 10 juillet à Baltimore. Le 20 ou 21, d’après son propre témoignage, il est reçu par Washington (1732-1799), le héros de la guerre d’indépendance (1776-1783) et le premier président des Etats-Unis (1789-1797). De juillet en décembre, il gagne les rives des lacs Ontario et Érié, voit les chutes du Niagara puis descend vers le sud. Jusqu’où ? Le 10 décembre, il s’embarque à Philadelphie.

Il rapporte de volumineuses notes qui allaient nourrir ses œuvres littéraires, notamment son Voyage en Amérique (1826). Les érudits se disputent sur la question de l’authenticité de ses récits relatifs à son séjour en Amérique.

La révolution : le retour.

Après son retour à Philadelphie d’où il s’embarque pour la France le 10 décembre 1791, il débarque au Havre le 2 janvier 1792 après avoir essuyé une tempête dont il pensa ne pas sortir. Revenu à Saint-Malo au début de l’année 1792, il se marie par intérêt avec Céleste Amable Buisson de la Vigne (1774-1847) le 20 février par un prêtre non assermenté et le 19 mars par un prêtre assermenté.

Après un séjour à Paris avec sa nouvelle épouse et ses sœurs Julie et Lucile, il émigre le 15 juillet avec son frère Jean-Baptiste. Il rejoint l’armée contre-révolutionnaire des Princes. Blessé au siège de Thionville le 6 septembre dans la 7ème compagnie bretonne de Gouyon-Miniac, il est licencié le 16 octobre. Là s’achève sa carrière militaire.

Malade, après être passé par Bruxelles le 29 octobre, il est transporté convalescent à Jersey où il débarque le 20 janvier 1793. Il séjourne chez son oncle de Bedée. Le 21 janvier, Louis xvi est exécuté. Il se réfugie ensuite en Angleterre où il débarque à Southampton le 17 mai. En 1793 et en 1794, il enseigne le français dans une école de Beccles dans le Suffolk, ce qu’il n’avoue pas dans ses Mémoires d’outre-tombe. Le 22 octobre 1794, Jean-Baptiste Chateaubriand, Malesherbes et sa famille sont guillotinés. À partir du 19 janvier 1795, il commence à enseigner le français dans la même école transplantée à Bungay. À la suite d’un accident de cheval, il séjourne chez le pasteur Ives et sa femme en 1796. Leur fille Charlotte (1780-1852), l’attire et lui-même n’est pas insensible à ses appâts. Les parents sont près au mariage. Il avoue être déjà marié et s’enfuit.

Il retourne à Londres en juin 1796.

Il publie son Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française le 18 mars 1797.

« Qui suis-je, et que viens-je annoncer de nouveau aux hommes ? On peut parler de choses passées ; mais quiconque n’est pas spectateur désintéressé des événements actuels doit se taire. Et où trouver un tel spectateur en Europe ? Tous les individus, depuis le paysan jusqu’au monarque, ont été enveloppés dans cette étonnante tragédie. “Non seulement, dira-t-on, vous n’êtes pas spectateur, mais vous êtes acteur, et acteur souffrant, Français malheureux, qui avez vu disparaître votre fortune et vos amis dans le gouffre de la révolution ; enfin vous êtes un émigré.” À ce mot, je vois les gens sages, et tous ceux dont les opinions sont modérées ou républicaines, jeter là le volume sans chercher à en savoir davantage. Lecteurs, un moment. Je ne vous demande que de parcourir quelques lignes de plus. Sans doute je ne serai pas intelligible pour tout le monde ; mais quiconque m’entendra poursuivra la lecture de cet Essai. Quant à ceux qui ne m’entendront pas, ils feront mieux de fermer le livre ; ce n’est pas pour eux que j’écris.

Celui qui dit dans son cœur : “Je veux être utile à mes semblables” doit commencer par se juger soi-même : il faut qu’il étudie ses passions, les préjugés et les intérêts qui peuvent le diriger sans qu’il s’en aperçoive. Si malgré tout cela il se sent assez de force pour dire la vérité, qu’il la dise ; mais s’il se sent faible, qu’il se taise. Si celui qui écrit sur les affaires présentes ne peut être lu également au directoire et aux conseils des rois, il a fait un livre inutile ; s’il a du talent, il a fait pis, il a fait un livre pernicieux. Le mal, le grand mal, c’est que nous ne sommes point de notre siècle. Chaque âge est un fleuve qui nous entraîne selon le penchant des destinées quand nous nous y abandonnons. Mais il me semble que nous sommes tous hors de son cours. Les uns (les républicains) l’ont traversé avec impétuosité, et se sont élancés sur le bord opposé. Les autres sont demeurés de ce côté-ci sans vouloir s’embarquer. Les deux partis crient et s’insultent, selon qu’ils sont sur l'une ou sur l’autre rive. Ainsi, les premiers nous transportent loin de nous dans des perfections imaginaires, en nous faisant devancer notre âge ; les seconds nous retiennent en arrière, refusent de s’éclairer, et veulent rester les hommes du quatorzième siècle dans l’année 1797.

L’impartialité de ce langage doit me réconcilier avec ceux qui de la prévention contre l’auteur auraient pu passer au dégoût de l’ouvrage. Je dirai plus : si celui qui né avec une passion ardente pour les sciences y a consacré les veilles de la jeunesse ; si celui qui, dévoré de la soif de connaître, s’est arraché aux jouissances de la fortune pour aller au delà des mers contempler le plus grand spectacle qui puisse s’offrir à l’œil du philosophe, méditer sur l’homme libre de la nature et sur l’homme libre de la société, placés l’un près de l'autre sur le même sol ; enfin si celui qui dans la pratique journalière de l’adversité a appris de bonne heure à évaluer les préjugés de la vie ; si un tel homme, dis-je, mérite quelque confiance, lecteurs, vous le trouvez en moi.

La position où je me trouve est d’ailleurs favorable à la vérité. Attaqué d’une maladie qui me laisse peu d’espoir, je vois les objets d’un oeil tranquille. L’air calme de la tombe se fait sentir au voyageur qui n’en est plus qu’à quelques journées. » Chateaubriand, Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes, Première partie Révolutions anciennes, Introduction.

Il y expose des idées politiques et religieuses qui n’annoncent pas celles du chrétien. Son talent d’écrivain est manifeste. Il y déploie notamment une thèse sur la répétition en histoire qui nie toute nouveauté de la révolution française.

Il se rapproche du milieu des riches émigrés. Il rencontre la vicomtesse du Belloy (1769-1838), une belle “créole” de Saint Domingue, avec qui il a une liaison. Il renoue avec Fontanes à partir de février et le fréquente assidûment jusqu’en juin.

Sa mère meurt le 31 mais 1798. Il apprend la nouvelle dans la deuxième quinzaine de juin. Chateaubriand, est ramené à la foi catholique de son enfance dont il s’était écarté par une lettre lui annonçant cette mort et par les instances d’une de ses sœurs. Julie meurt le 26 juillet 1799.

Après le coup d’État du 18 brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte (1769-1821), il envisage de rentrer en France où il a été précédé par Fontanes. En effet, les royalistes ont l’espoir que le 1er consul rétablisse la monarchie.

 

Le consulat et l’empire.

Il est de retour en France le 8 mai 1800 où il débarque à Calais muni d’un passeport au nom de David de La Sagne, Neufchâtelois.

Il rédige pendant quelques années le Mercure de France avec Fontanes. Il y publie, le 22 décembre, un article sur le dernier ouvrage de Madame de Staël (1766-1817), De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800).

Le 3 avril 1801, il fait paraître Atala, ou les Amours de deux sauvages dans le désert. Dans le cadre de la Louisiane, c’est l’histoire de l’Indien Chactas et de la vierge chrétienne Atala, qui préfère mourir plutôt que de trahir sa foi mal comprise en épousant Chactas. Cette création originale fut l’objet d’une admiration universelle.

Il composa vers la même époque René, œuvre empreinte d’une mélancolie rêveuse, qui deviendra un modèle pour les écrivains romantiques. Dans cette œuvre, il rapporte de manière à peine déguisée l’amour chaste mais violent et passionné qu’il a entretenu pour sa sœur Lucile, qui le surnommait « L’enchanteur ».

Entre juin et novembre, il est installé à Savigny-sur-Orge avec Pauline de Beaumont (1768-1803, voir ci-contre) qu’il a rencontrée quelques mois plus tôt.

Il publia ensuite le 14 avril 1802 le Génie du christianisme, ou les Beautés de la religion chrétienne, qu’il avait en partie rédigé en Angleterre, et dont Atala et René n’étaient à l’origine que des épisodes. Il s’était proposé d’y montrer que le christianisme, bien supérieur au paganisme par la pureté de sa morale, n’était pas moins favorable à la pensée, à la science, à l’art et à la poésie que les « fictions » de l’Antiquité. Ce livre fit événement et donna le signal d’un retour du religieux après la Révolution. Le Concordat avait été signé le 15 juillet 1801 entre la France et le Vatican qui pacifiait les relations entre la France et l’Église catholique.

Il fait la connaissance de Mme Récamier (1777-1849) qui deviendra l’amour de sa vie.

Chateaubriand, remarqué par le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, qu’il rencontra, fut choisi en 1803 pour accompagner à Rome le cardinal Fesch (1763-1839), l’oncle du Premier consul, comme secrétaire d’ambassade. Il y arrive le 27 juin. Il s’enthousiasme pour les paysages italiens. Sa maîtresse, Madame de Beaumont, meurt à Rome le 4 novembre. Il conçoit alors les Mémoires de ma vie.

Le 29 février il est nommé chargé d’affaires auprès de la République du Valais.

En mars 1804, il “retrouve” Madame de Chateaubriand avec qui il n’a vécu que quelques mois en 1792.

Le 21 mars 1804, le duc d’Enghien, dernier descendant des Condé, est exécuté, fusillé dans les fossés du château de Vincennes. Chateaubriand donne sa démission en guise de protestation. Il devint un opposant à l’empereur qui lui apparaît dorénavant comme un despote. Il a une liaison avec Delphine de Custine chez qui il séjourne à Fervaques à plusieurs reprises. L’été, il rencontre la sœur de Laborde, Nathalie, comtesse de Noailles (1774-1835).

Rendu aux lettres, Chateaubriand conçut le projet d’une épopée chrétienne, où seraient mis en présence le paganisme expirant et la religion naissante. Il publie le 4 juillet dans le Mercure un article où il définit ainsi le rôle de l’historien :

« Lorsque, dans le silence de l’abjection, l’on n’entend plus retentir que la chaîne de l’esclave et la voix du délateur, lorsque tout tremble devant le tyran et qu’il est aussi dangereux d’encourir sa faveur que de mériter sa disgrâce, l’historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. »

Le 13 juillet 1806, il quitte Paris pour l’Orient. C’est la Grèce. Il séjourne à Athènes du 23 au 26 août. Du 13 au 18 septembre, il est à Constantinople. Du 4 au 12 octobre, il est à Jérusalem. Puis c’est l’Égypte, le Caire. Il rembarque à Alexandrie.

Le 30 mars 1807, il retrouve la Comtesse de Noailles (1774-1835) à Algésiras en Espagne. Le 5 juin, il est de retour à Paris. Le 4 juillet, il est exilé de Paris pour une phrase dans le compte rendu qu’il fait du premier volume du Voyage pittoresque et historique de l’Espagne d’Alexandre de Laborde (1773-1842).

Il se retire dans une propriété qu’il appelait la Vallée-aux-Loups, dans le Val d’Aulnay près de Sceaux. Il y compose Les Martyrs, sorte d’épopée en prose, qui paraît le 17 mars 1809. Le 31 mars, son cousin, Armand de Chateaubriand (1768-1809) est exécuté.

Il fut élu le 20 février 1811 membre de l’Académie française, en remplacement de Chénier, à une grosse majorité. Dans son discours de réception il critiquait les idées de son prédécesseur, flétrissait le régicide, exaltait la liberté. Le discours est soumis au jugement de Napoléon 1er qui en interdit la lecture faute d’avoir pu obtenir la moindre modification. Chateaubriand est exilé à Dieppe, tandis que ses amies Mme Récamier et Mme de Staël sont exilées de France (il n’occupa son fauteuil à l’Académie française que sous la Restauration). Les notes qu’il avait recueillies durant son voyage forment la matière de L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (publié après le 20 février 1811). À l’automne, il commence à rédiger les Mémoires de ma vie.

En janvier 1812, la Comtesse de Noailles rompt avec lui. Il continue à rédiger les Mémoires de ma vie à l’automne.

 

La restauration.

Le 31 mars 1814, les alliés coalisés contre la France entrent dans Paris. Chateaubriand accueillit favorablement le retour des Bourbons : le 3 mai 1814. Il avait publié le 5 avril contre l’empereur déchu un virulent pamphlet, De Buonaparte et des Bourbons, qui fut répandu à des milliers d’exemplaires, et qui, aux dires de Louis xviii (1755-1814-1824), valut à ce prince une armée.

« Non, je ne croirai jamais que j’écris sur le tombeau de la France, je ne puis me persuader qu’après le jour de la vengeance nous ne touchions pas au jour de la miséricorde. L’antique patrimoine des rois très chrétiens ne peut être divisé : il ne périra point, ce royaume que Rome expirante enfanta au milieu de ses ruines, comme un dernier essai de sa grandeur. Ce ne sont point les hommes seuls qui ont conduit les événements dont nous sommes les témoins, la main de la Providence est visible dans tout ceci : Dieu lui-même marche à découvert à la tête des armées et s’assied au conseil des rois. Comment sans l’intervention divine expliquer et l’élévation prodigieuse et la chute, plus prodigieuse encore, de celui qui naguère foulait le monde à ses pieds ? Il n’y a pas quinze mois qu’il était à Moscou, et les Russes sont à Paris ; tout tremblait sous ses lois, depuis les colonnes d’Hercule jusqu’au Caucase ; et il est fugitif, errant, sans asile ; sa puissance s’est débordée comme le flux ce la mer, et s’est retirée comme le reflux. » Chateaubriand, De Buonaparte et des Bourbons.

Nommé le 8 juillet ambassadeur en Suède, il n’avait pas encore quitté Paris quand Napoléon 1er revint en France en 1815 pour ce qu’on nomme les Cent-Jours (entre le 22 mars 1815 et le 22 juin). Le 20 mars, Chateaubriand est avec Louis xviii à Gand, devint un des membres de son cabinet comme Ministre de l’Intérieur, et lui adressa le célèbre Rapport sur l’état de la France. Après le désastre de Waterloo le 18 juin et l’exil définitif de l’empereur à Sainte-Hélène, il devient Pair de France le 17 août et Ministre d’État.

Or, dans La Monarchie selon la Charte qui paraît le 17 septembre, il attaque l’ordonnance du 5 septembre 1816 qui dissolvait la Chambre introuvable. Il fut disgracié dès le 20 où il perdit son poste de ministre d’État. Privé des revenus attachés à ce poste, il doit vendre la Vallée-aux-Loups en 1817. Il entend chanter la grive dans le parc de Montboissier (cf. Mémoires d’outre-tombe, III, 1) et se remet à rédiger ses Mémoires.

Il se jette dès lors dans l’opposition ultra-royaliste et devient l’un des principaux rédacteurs du Conservateur le plus puissant journal de ce parti dont le premier numéro sort le 1er octobre 1818. Il commence une courte liaison charnelle avec Madame Récamier à l’automne.

Le meurtre du duc de Berry, fils du comte d’Artois et donc neveu de Louis xviii, l’héritier de la couronne, le 13 février 1820, le rapproche de la cour. Il écrit à cette occasion des Mémoires […] touchant la vie et la mort de S.A.R. [… le] Duc de Berry. En mars 1820 le Conservateur disparaît. Chateaubriand est nommé le 1er janvier 1821 ministre de France à Berlin où il part. Le 30 juillet il donne sa démission suite à la sortie de Villèle (1773-1854) du ministère.

Le 10 janvier 1822 il est nommé ambassadeur à Londres. Il y arrive en avril (son cuisinier invente la cuisson de la pièce de bœuf qui porte son nom). Il poursuit la rédaction de ses Mémoires. Il retrouve Charlotte Ives devenue Madame Sutton.

Sa carrière politique se poursuit au congrès de Vérone où il est un des plénipotentiaires. Il y arrive le 5 octobre. En décembre 1822, il reçoit le portefeuille de ministre des Affaires étrangères. Il fait décider la guerre d’Espagne pour rétablir Ferdinand vii, malgré l’opposition de l’Angleterre. La guerre d’Espagne occupe les mois de mars à octobre 1823. L’armée française y renoue avec la victoire. le 31 août 1823, c’est la prise de Cadix à la bataille du Trocadéro. Chateaubriand est dans le même temps devenu l’amant passionné de Madame Cordélia de Castellane (1796-1847), la femme du maréchal de Castellane qui commandait les troupes françaises. Madame Récamier, blessée par cette “infidélité”, part pour l’Italie.

Mais, n’ayant pu s’accorder avec M. de Villèle, chef du cabinet, Chateaubriand est brutalement congédié le 6 juin 1824. Le 16 septembre, Louis xviii meurt. Son frère, le comte d’Artois lui succède sous le nom de Charles x (1757-1824-1830-1836).

Chateaubriand se retrouve dans l’opposition. Il s’unit cette fois au parti libéral. Il combat à outrance le ministère Villèle, soit à la Chambre des Pairs, soit dans le Journal des Débats. Il se montre à cette époque le zélé défenseur de la liberté de la presse et de l’indépendance de la Grèce. Il y gagne une grande popularité. En 1826, le libraire Ladvocat commence la publication de ses Œuvres complètes.

À la chute de Ministère de Villèle en 1828, il est ambassadeur à Rome où il se rend le 14 septembre. Il fait faire des fouilles. Il prononce un discours au Sacré Collège après la mort de Léon xii survenu le 10 février 1829. Il rentre à Paris en mai. Il part pour Cauterets. Il revient à Paris à la suite de la constitution du ministère Polignac (1780-1847). Il s’y oppose et donne sa démission le 28 août.

 

La monarchie de Juillet.

De plus en plus en rupture avec les partis conservateurs, désabusé sur l’avenir de la monarchie, il se retire des affaires après la Révolution de 1830 (27, 28 et 29 juillet : les Trois Glorieuses). Il quitte la Chambre des Pairs après un discours prononcé le 7 août. Il s’explique sur son impossibilité de servir le nouveau régime quoi qu’il semble reposer sur ses idées dans De la Restauration et de la Monarchie élective (daté de mars 1831). Il continue à rédiger ses Mémoires entre 1830 et 1833.

En 1831, il publie Moïse, une tragédie écrite en 1812 et ses Études historiques en quatre volumes, reste d’un projet d’une Histoire de France jamais achevée et qui signe son échec d’être le grand historien du royaume. Dans ce résumé d’histoire universelle, il voulait montrer le Christianisme réformant la société. Il se rend auprès de la famille royale déchue. Il séjourne quelques mois à Genève entre mai et octobre, revient à Paris, puis repart en Suisse.

Il publie un Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry (décembre 1832) après les rocambolesques aventures de cette dernière. Ce mémoire lui vaut des poursuites à cause de la phrase : « Madame, votre fils est mon roi ». Il est acquitté. Il se rend à Prague en mai-juin auprès de Charles x et de Henri v afin de plaider, sans succès, la cause de la duchesse de Berry. Il rédige la Préface testamentaire des Mémoires. Il revient à Paris en juin. En septembre, nouveau voyage, l’Italie puis le voilà de nouveau auprès de la famille royale déchue à Prague.

En février et mars 1834 ont lieu des lectures de ses Mémoires. Le 15 avril 1834, il publie dans la Revue des Deux Mondes, l’Avenir du Monde. Le 25 octobre, sont publiées des Lectures des Mémoires de M. de Chateaubriand. Des commentaires accompagnent des textes inédits. Entre temps, le 2 octobre, son Moïse est représenté pour la première fois à Versailles.

Cependant, sa santé décline. Ses dernières années se déroulent dans une profonde retraite. Il ne quitte guère sa demeure que pour aller à l’Abbaye-aux-Bois, chez Juliette Récamier, dont le salon réunit l’élite du monde littéraire. Recevant de nombreuses visites, tant de la jeunesse romantique que de la jeunesse libérale, il se consacre à achever ses mémoires, qu’il intitule Mémoires d’outre-tombe, vaste projet autobiographique étalé sur trente ans.

Les Mémoires d’outre-tombe ne devaient paraître qu’après sa mort. Toutefois, pressé par des besoins d’argent, il les céda dès 1836 à la société Sala et Delloye qui lui assure un revenu convenable pour le reste de ses jours. Le 26 juin, il publie un Essai sur la littérature anglaise.

En 1838, il publie Le Congrès de Vérone, compte rendu de son activité militaro-diplomatique que Marx ne goûtera guère. Il rend visite à Lamennais (1782-1854), un des chantres du néo-catholicisme, qui rompit avec l’Église et pencha vers une forme de socialisme, qui venait d’être condamné à un an de prison pour avoir attaqué le gouvernement royal et qui était enfermé à Sainte Pélagie. En 1841, il achève ses Mémoires.

Il compose la Vie de Rancé en mai 1844. Jusqu’à sa mort, il révise les Mémoires d’outre-tombe. Le 8 février 1647, Madame de Chateaubriand meurt.

Les 23, 24 et 25 février, Paris connaît de nouveaux les barricades. C’est la révolution. Bientôt la république est proclamée avec à sa tête le poète Lamartine (1790-1869). Un autre poète qui fut royaliste commence à se rapprocher de la république, lui qui, jeune homme aurait écrit : « Je veux être Chateaubriand ou rien » : Victor Hugo (1802-1885).

Chateaubriand meurt à Paris le 4 juillet 1848 et est enterré le 19 Juillet, selon ses dernières volontés, sur le rocher du Grand-Bé, dans la rade de Saint-Malo.

Le 21 octobre, les Mémoires d’outre-tombe commencent à paraître dans la Presse en feuilleton. La publication, discontinue, se poursuit jusqu’en juillet 1850.

 

 

Publié dans Littérature

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